
3 Janvier 2022
A peine relancé, le train de nuit Paris-Lourdes a connu plusieurs dysfonctionnements.
Un témoignage médiatisé relate une interruption du trajet à Toulouse le 20 décembre, sans qu’aucune information, accompagnement ou dédommagement des voyageurs n’aient été organisés par la SNCF.
En réalité, le « nouveau » train de nuit n’a circulé que quelques jours depuis son inauguration.
Cet épisode nous rappelle les déboires sur certains TER de Nouvelle Aquitaine lors de l’hiver 20201. Ou les mésaventures du train de nuit Strasbourg – Port-Bou à l’hiver 20102.
La SNCF a évoqué un « épiphénomène » dû au froid. En effet, les caténaires, encore alimentées par un système ancien de courant continu de 1500 volts, sont particulièrement sensibles au givre et la SNCF interrompt le trafic pour ne pas les abîmer. La SNCF pointe désormais le manque de personnel en raison du COVID.
Ces incidents sont révélateurs du manque chronique de moyens consacrés au service ferroviaire français classique. La Suisse dépense neuf fois plus par habitant que la France dans le système ferroviaire, l’Allemagne 2 fois plus.
Il n’est plus possible qu’en 2022, le gouvernement bride les moyens nécessaires au gestionnaire d’infrastructures, en rénovation comme en maintenance.
Il est temps de cesser de flécher tous les moyens sur les seules nouvelles Lignes à Grande Vitesse.
L’urgence est dans le doublement du financement affecté à la modernisation performante du réseau classique qui en a grandement besoin pour améliorer la fiabilité, la fréquentation et réduire les coûts de production.
A cela s’ajoute la rigidité du compartimentage de l’entreprise en activités complètement séparées, l’absence de réserves dans les effectifs de conducteurs et de contrôleurs (fragilité accentuée par le contexte de la pandémie) à laquelle il faut d’urgence remédier.
Enfin, ces suppressions montrent que, pour la SNCF, les trains de nuit constituent une variable d’ajustement de toute difficulté ou manque de personnel qu’elle peut rencontrer.
Alors, OUI au renouveau des trains de nuit, mais pas dans n’importe quelles conditions.
Sans les rénovations dont le réseau classique a besoin, leur remise en service, réalisée à la hâte, se limitera à un effet d’annonce, et ces trains de nuit seront vite abandonnés par les voyageurs déçus, l’identifiant à terme comme un train non fiable.
Le groupe de travail Ferroviaire de la Commission Transports & Territoires
1https://www.francebleu.fr/infos/transports/landes-la-sncf-annule-un-ter-entre-mont-de-marsan-et-bordeaux-a-cause-du-givre-1606123254
2https://www.leparisien.fr/faits-divers/l-interminable-epopee-du-train-strasbourg-port-bou-28-12-2010-1205090.php