Alors que nous connaissons une hausse vertigineuse des coûts de l’énergie et que le secteur des transports est le seul à ne pas réduire ses émissions de gaz à effets de serre depuis 1990, les élu·es écologistes des conseils régionaux proposent cinq mesures d’urgence pour soulager le porte-monnaie des ménages et tenir nos engagements climatiques. À l’abondance passée de gaz et de pétrole, préférons désormais l’abondance de train et de mobilité durable !
Le constat
- Les prix de l’énergie ont augmenté de 28% pour les ménages en un an, et la hausse continue.
- Les transports sont le premier secteur émetteur de CO2 en France (30% des émissions) et le seul secteur qui ne réduit pas ses émissions depuis 1990. Ce total est partagé entre les voitures (52 % du total), les poids lourds (19 %), les véhicules utilitaires (19 %) et les vols intérieurs (4 %).
- Les gouvernements successifs n’ont pas pris les mesures pourtant indispensables pour nous sevrer de notre dépendance aux énergies fossiles. Cela a des conséquences climatiques, sociales et diplomatiques graves.
- La Convention citoyenne pour le Climat avait proposé 149 propositions, dont 31 sur la mobilité. SI ces propositions avaient été reprises par le gouvernement dans la loi climat, nous serions aujourd’hui plus préparés et moins dépendants aux énergies fossiles.
- La ristourne de 30 centimes par litre de carburants est une mesure qui bénéficie d’abord aux plus riches : 2× plus pour les ménages du dernier décile (10% les plus riches) par rapport aux ménages du 1er décile (10% les plus pauvres)
- 45€/habitant : c’est le montant consacré par an en France aux infrastructures ferroviaires. Nous investissons 3 fois moins que l’Allemagne, 10 fois moins que les Suisses et 14 fois moins que le Luxembourg.
Nos propositions
Proposition 1 : Renforcer l’offre ferroviaire
Doubler les moyens financiers des Régions pour développer une offre de transport ferroviaire accessible, permettre la réouverture de lignes y compris dans les territoires ruraux et les vallées de montagne et relancer sans attendre les trains de nuit et les trains d’équilibre du territoire pour les longues distances.
Proposition 2 : Rendre plus accessible les transports en commun
Rendre obligatoire l’intégration tarifaire entre TER et réseaux urbains dans les métropoles, soutenir les projets de Réseaux express métropolitains, et développer une tarification sociale ambitieuse et un « Ticket liberté climat » ouvert aux jeunes (accès illimité à l’ensemble des trains et transports en commun en France), sur l’exemple du ticket climat déployé en Allemagne (dont les bénéfices sont évalués à plus d’1,8 millions de tonnes de CO2)
Proposition 3 : Structurer la filière
Structurer la filière ferroviaire pour qu’elle ait la capacité de mener les travaux de construction, de rénovation des infrastructures et de maintenance des matériels roulants.
Le soutien à la relocalisation de l’industrie doit se concentrer prioritairement sur les filières vertueuses.
Proposition 4 : Relancer le fret ferroviaire
Relancer le fret ferroviaire en développant une offre de services sur les infrastructures existantes et sous-utilisées et en révisant les droits de péage.
L’exemple du Lyon-Turin est emblématique : nous ne pouvons pas attendre deux décennies et dépenser des milliards quand des solutions plus rapides et moins coûteuses existent : révision des droits de péage, fiscalité écologique, revitalisation des lignes de chemin de fer, investissement dans la logistique décarbonée.
Proposition 5 : Décréter un moratoire sur les projets routiers et les Grands projets inutiles (GPI)
Nous demandons un moratoire national sur les projets de route et les grands projets inutiles et hors de prix qui sont des gouffres financiers et des absurdités écologiques au bénéfice d’une minorité.
Exemples de projets à suspendre :
Auvergne-Rhône-Alpes :
- RN88 : projet de doublement de la nationale, 200 millions d’euros, projet porté par Laurent Wauquiez, pour gagner en Haute-Loire, en détruisant des zones protégées.
- Lyon Turin : le projet de construction d’un nouveau tunnel transalpin se base sur des estimations de trafic faussées, et a un coût délirant (près de 30 milliards au total), alors que la ligne classique est totalement sous-utilisée.
Normandie :
- A133-A134 : pseudo contournement est de Rouen, il s’agit en réalité d’une autoroute éloignée à péage, sur un axe routier reliant le nord et le sud de l’Europe (axe Calais-Bayonne). Catastrophique pour l’économie normande située à l’ouest de Rouen (ports de Rouen et du Havre) et anachronique face au canal Seine-Nord financé par l’Europe. Connectons la Seine au canal et renonçons à ce développement d’une logistique routière climaticide et écocide.
Centre-Val de Loire :
- A154 (mise en concession autoroutière de la RN 154), dans le prolongement du projet d’A133-A134 à l’Est de Rouen : c’est le même axe routier Calais-Bayonne, achevant le contournement de Paris à 100 km par l’ouest.
Grand Est :
- A31 bis (détruit des espaces agricoles et naturels classés, traverse la ville de Florange, concédé à péage, inefficace car goulot d’étranglement à la frontière luxembourgeoise )
Nouvelle Aquitaine :
- LGV Bordeaux-Toulouse
Ile-de-France :
- Gare au milieu des terres agricoles fertiles du Triangle de Gonesse
- Ligne 17 Nord et Ligne 18 Ouest du Grand Paris Express
Bretagne : Ligne Nouvelle Bretagne Pays de Loire : 6 milliards d’euros pour gagner 20 mn max entre Paris/Brest, Paris/Quimper et quelques minutes entre Rennes et Nantes en sacrifiant probablement plus de 800 ha sans compter les compensations qui seront nécessaires.