La France compte 38 millions de véhicules particuliers. On estime que 70% des Françaises et des Français s’en servent tous les jours.
Nous, écologistes, nous pensons qu’il s’agit là d’un mal. La dépendance à l’automobile est en soi un phénomène que nous devons combattre. Combattre d’abord parce que l’automobile n’est un outil de liberté que s’il est choisi. Lorsque l’automobile est imposée, parce que les villes se sont étalées, parce que les transports publics ont reculé, parce que les emplois se sont métropolisés, l’automobile n’est pas une liberté. En outre, l’automobile est l’un des principaux facteurs de pollution de l’air, un destructeur majeur des paysages et de la biodiversité en raison de l’extension du réseau routier. La voiture amoindrit également le vivre ensemble parce qu’elle favorise l’individualisation des modes de vie et réduit la qualité des espaces publics.
A toutes ces raisons qui plaident pour un changement en profondeur de notre organisation, il faut bien sur ajouter l’urgence du changement climatique. A elle seule, l’automobile particulière est responsable de 16% des émissions de gaz à effet de serre de notre pays. Et pourtant, du fait même de l’imbrication de la voiture avec les modes de vie, les émissions liées à la mobilité ne baissent pas. Ces dix dernières années, elles sont restées absolument stables.
Face à ces différents constats, la vision que nous défendons dans cette motion est claire. Elle est fondée sur une hiérarchie des solutions. D’abord réduire les déplacements contraints, ensuite favoriser le report modal, et enfin seulement électrifier le parc automobile. Dans cette vision, l’électrification est un mal, certes. Mais c’est un mal nécessaire :
- Parce que de très nombreux foyers sont entièrement dépendants de l’automobile et le seront encore pour de nombreuses années.
- Parce que l’électrification est la moins mauvaise des solutions alternatives à la voiture fonctionnant avec des carburants fossiles.
Enfin, il faut réaliser que l’électrification massive est d’ores et déjà une réalité politique, industrielle, économique parce qu’elle est la solution qu’ont trouvé les pouvoirs publics pour réduire les émissions sans remettre en cause notre organisation territoriale. Cette évolution est en marche. Les investissements sont déjà colossaux. Il y a toutes les raisons de croire une croissance très rapide de l’électromobilité dans les années à venir. Il faut donc nous préparer, quand bien même, nous nous opposons à l’idée d’une électrification sans remise en cause de notre mode de vie, et quand bien même nous contestons la domination du nucléaire dans le mix électrique de notre pays.
Dans notre motion, nous affirmons un certain nombre de principes pour mettre la voiture électrique au service de l’écologie politique.
Il s’agit d’abord de faire de la filière voiture électrique, une filière exemplaire du point de vue environnemental et climatique. Pour cela, nous appelons d’abord à une transformation du mode d’aménagement de notre territoire permettant de limiter les besoins de transport de longue distance et de favoriser systématiquement le train lorsqu’ils sont nécessaires. A une échelle plus micro, nous proposons une généralisation des méthodologies de calcul d’impact sur l’ensemble du cycle de vie, méthodologies qui ne sont toujours pas employées. Il nous faut imposer un véhicule électrique plus sobre en taille, en poids, en consommation. Nous demandons également des objectifs extrêmement contraignants pour soutenir le développement du recyclage en Europe, vecteur d’une mobilité plus propre et d’emplois non-délocalisables. Enfin, nous appelons au développement des services pour le réseau électrique grâce au stockage d’énergie décentralisé permis par le développement des batteries électriques. C’est là un outil majeur au service d’une croissance des énergies renouvelables.
Notre motion l’affirme : la transition vers une mobilité électrique raisonnée est souhaitable. Mais il ne faut pas nous le cacher : elle entraînera des évolutions brutales en termes industriel, en termes d’emplois, en termes de trajectoire de vie. C’est pourquoi ce travail s’inscrit dans une optique de transition juste. Elle affirme un premier principe. Puisque le marché du véhicule électrique est appelé à croître fortement, il faut que la production ait lieu en Europe :
- C’est une garantie pour des standards sociaux et environnementaux élevés.
- C’est une garantie pour les emplois.
Mais pour que cette transition soit socialement soutenable, il faut que les acteurs publics se donnent les moyens de la piloter, au plus proche des territoires, et d’en atténuer les effets trop brutaux à la travers la création d’un fonds pour l’emploi et les compétences.