Mobilités : quelles réponses écolos à l’urgence ?
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La guerre en Ukraine a provoqué une crise de l’énergie et amplifié l’inflation des prix, et par là même, la vulnérabilité des ménages, la précarité énergétique et les inégalités d’accès aux services de base.

Le dernier rapport GIEC dit que nous avons 3 ans pour agir, ou plus exactement qu’il faut une action immédiate et des politiques ambitieuses au plus vite, pour espérer atteindre un pic des émissions dans 3 ans. D’autre part, la pollution de l’air fait chaque année en France plus de 48 000 morts prématurées.

Nous sommes donc face à une double urgence, environnementale et sociale, et les écologistes se donnent l’ambition de faire le lien entre ces deux enjeux de court terme.

L’objectif de ce texte est de fournir des éléments de politiques publiques visant à répondre à cette double urgence environnementale et sociale. Ces mesures sont à défendre dans nos territoires, qu’on soit en milieu rural, périurbain ou au cœur des villes, qu’on soit dans la majorité ou dans l’opposition. Ceci vaut également contribution aux réflexions en vue des législatives. 

Ces réponses visent uniquement des mesures de court terme (applicables au plus tard à la fin de l’année 2022)- et ne sauraient résumer un programme écologiste basé surtout sur le moyen et le long terme (qui se préparent aussi dès maintenant)

Contre la pollution de l’air et pour réduire les émissions de GES rapidement, et pour faire face à la hausse des carburants, il convient de se défaire de la dépendance à l’automobile individuelle pour tous les trajets, d’offrir des moyens de transport alternatifs et de mettre en place des solutions de baisse des émissions, tout en garantissant le droit à la mobilité.

Voici les mesures rapides, à mettre en place dès 2022, que nous préconisons :

1) Augmenter l’offre de transports en commun dans les zones les moins bien desservies (nouvelles lignes de bus ou transport à la demande), organiser des dessertes partielles pour diminuer les voyages à vide et augmenter les fréquences (il vaut mieux privilégier les fréquences sur les capacités). Organiser des dessertes pour les zones d’emploi non ou mal desservies. 

Cette augmentation de l’offre là où elle est le plus nécessaire devra parfois passer par un redéploiement des transports, en privilégiant non pas le centre ville mais justement les territoires plus excentrés. Ceci doit également passer par une politique de recrutement et de formation des chauffeurs de minibus, bus et de tramways. Il faut également revaloriser les salaires et aménager les horaires pour éviter les coupures et féminiser le métier. Compétence : Régions et autres collectivités.

2) Accélérer la solution vélo 

* par des pistes cyclables provisoires (idem coronapistes) ou des rues sans voiture, en privilégiant les trajets scolaires et les zones périurbaines. Compétence : Villes et métropoles

* par le prêt de vélo pour tous les bénéficiaires du RSA, les lycéens et étudiants boursiers, à l’instar des expériences de Lyon et de Grenoble. Compétence : Départements

* par l’augmentation des primes à l’achat de VAE et vélos cargos, par le rétablissement de l’offre coup de pouce (50 € pour les réparations). Compétence : Etat, Régions

* par l’obligation du forfait mobilité durable pour les employeurs. Compétence : Etat

* Par la création de stationnements sécurisés pour vélos. Compétence : Etat (gares) et villes

3) Encourager au covoiturage par l’instauration sur les routes nationales et autoroutes d’une file réservée au covoiturage sur la voie de gauche, également ouverte aux taxis et aux cars, à chaque fois que possible. Compétence : Etat et Départements

4) Contrôler les ZFE, par la mise en place des contrôles automatiques des plaques d’immatriculation des véhicules les plus polluants. Exonérer les véhicules transportant plus de deux personnes et les personnes à horaires décalés. Compétence : Etat  

Développer les ZTL (Zones à trafic limité) avec contrôle automatisé des usagers entrants, après expérimentation dans certains quartiers. Compétence : Villes

A défaut de ZFE, mise en place de la circulation alternée pour tous, dès le franchissement des premiers seuils de pollution; Compétence : Etat

5) Développer l’autopartage de village, par la mise en place de véhicules électriques en autopartage géré en mairie, à disposition des habitants des petites communes, sur réservation (ce peut se faire via des associations). Réservation dans les parkings publics de places pour l’autopartage. Compétence : Communes, avec financement Région ou Etat

6) Former les travailleurs sociaux aux impacts de la mobilité sur les budgets des familles et sur les solutions alternatives. Compétence : Départements

Communiquer largement sur les coûts des modes de déplacements. Compétence : régions

7) Abaisser la vitesse maximale à 110km/h sur autoroute et généraliser les villes à 30km/h pour diminuer la consommation de carburant (ainsi que les polluants et les GES). Compétence : Etat, Villes

8) Classer les SUV et véhicules thermiques de plus de 1400 kg comme des poids lourds, donc limiter leur vitesse à 90km/h sur autoroutes. Compétence : Etat

9) Sur les longues distances, abaisser les prix plafond des billets de train de 2de classe par une baisse des prix des péages de SNCF Réseau. Fixer un prix plancher pour les billets d’avion. Instaurer un billet de train illimité pour les jeunes. Création de pass tarifaires TER. Supprimer la TVA pour les billets de TER, Intercités et de transports en commun. 

Compétence : Etat, Régions et Europe

10) Réorienter la prime à la conversion des véhicules thermiques vers les territoires ruraux. Développer une offre de leasing de voitures électriques à bas coût pour les ménages les plus modestes, et les travailleurs à horaires décalés. Compétence : Etat, Régions

11) Mettre en place des pédibus et vélobus, pour les écoles, le tourisme et les centres de loisirs. Compétence : Villes avec financement Région

A contrario, les solutions suivantes sont contre-productives :

  • la gratuité des transports en commun : la gratuité ne profite qu’à ceux qui ont déjà cette alternative, de plus la gratuité est chère pour les collectivités et grèverait les capacités de financement du développement de l’offre, enfin les TC sont déjà bien moins chers que la voiture
  • le gel des prix du carburant : cette mesure maintient les personnes en situation de dépendance à la voiture ; elle profite sans distinction de revenus à tout le monde et constitue une aide indirecte aux énergies fossiles
  • la baisse des prix des carburants de 15 centimes par litre pour une période de 4 mois, financée par l’État ou la baisse de la TVA sur les prix du carburant : comme le gel, cette mesure maintient les personnes en situation de dépendance à la voiture ; elle profite sans distinction de revenus à tout le monde, voire même aux plus riches, et constitue une aide directe aux énergies fossiles, qui coûtera très cher à l’Etat
  • l’augmentation des primes pour l’achat de véhicule électrique, sans distinction de revenus, qui constitue un effet d’aubaine pour les propriétaires de véhicules qui peuvent se le payer, qui coûte cher à l’Etat sans aucun report modal