L’avenir du Lyon – Turin se discute … à Venise !
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Pourquoi donc le sommet franco-italien -qui réunit François Hollande et Mattéo Renzi au sujet de la LGV Lyon-Turin- est-il organisé aussi loin du Piémont? « La réponse est simple: Hollande et Renzi savent l’un et l’autre que ce projet ne remporte pas l’adhésion des territoires. Le mouvement de contestation contre ce grand projet inutile imposé (GPII) gagne du terrain grâce à la prise de conscience environnementale des habitants et la révélation de la gabegie financière (26 milliards d’euros pour doubler une ligne de fret et de transport passager qui existe déjà et qui est sous-utilisée!) » s’est déclarée Karima Delli, eurodéputée EELV et coordinatrice de la commission Transport au Parlement européen.

Une poignée de main entre les deux chefs d’Etat ne suffira pas à réunir les 26 milliards d’euros. De l’aveu même des députés et sénateurs Michel Destot et Michel Bouvard, dans le rapport qu’ils ont remis à Manuel Valls, il faudra déployer tout l’arsenal financier et fiscal (dont l’Eurovignette, un surpéage autoroutier pour les poids lourds) pour atteindre « la moitié du financement nécessaire pour la part française ». « Le compte n’y est pas. On est en train de commander à crédit et pour 20 ans un bel objet dont on ne peut payer que la moitié avec un taux d’endettement qui est déjà maximal. »a rappelé Michèle Rivasi, eurodéputée EELV de la grande circonscription Sud-Est.

Le crédit sera pris sur les territoires. L’argent qui manque va peser sur l’Agence de Financement des Infrastructures de transport Françaises (AFIFT) et sur les collectivités territoriales. Les montants sont si importants qu’ils auront un effet d’éviction total sur les projets de modernisation ou d’entretien des lignes régionales. Comment trouver dans ces circonstances l’argent pour rénover les trains d’équilibre des territoire (TET)? Comment assurer des lignes à haut niveau de service dans la Région Auvergne-Rhône Alpes? Les effets à long terme (2030 et au-delà) d’un déficit d’investissement dans les infrastructures ferroviaires seront désastreux.

La LGV n’aura pas non plus d’effet sur l’engorgement des tunnels autoroutiers du Mont-Blanc et du Fréjus. Il ne suffit pas de créer un nouveau tuyau pour générer du report modal.

La preuve en est que la ligne fret/passager Culoz-Modane est encore largement sous-utilisée. Seuls transitent 3,5 millions de tonnes de marchandise alors que la ligne est conçue pour en transporter 20. Cette ligne est donc loin d’être saturée et devrait bénéficier d’aménagements appropriés pour augmenter le report modal.

Et même si les échanges entre la France et l’Italie venaient à augmenter (postulat de base en 2001 quand le projet a été conçu mais dont la tendance s’est inversée ces dernières années), les infrastructures actuelles pourraient être améliorées sans dépenser tous ces milliards que nous n’avons pas.

Donc nous nous répétons encore une fois et autant que de besoin: « Non au GPII du Lyon-Turin! »

Karima Delli et Michèle Rivasi, députées européennnes Les Verts / ALE

Image https://fr.wikipedia.org/wiki/Liaison_ferroviaire_transalpine_Lyon_-_Turin