
« Alors que les usagères et les usagers du RER B subissent déjà les retards récurrents dus notamment à la vétusté des caténaires, il est incompréhensible que l’État s’entête à privilégier à tout prix la ligne CDG Express plutôt que des transports accessibles à tou.te.s », soulignent Julien Bayou, porte-parole d’EÉLV et Claude Boulanger-Reijnen, vice-président de la Commission des transports et Mobilités du CESER.
SNCF devra-t-elle « choisir entre les riches et les handicapés » apprenait-on récemment. Trop de travaux à mener en Île-de-France d’ici les JO 2024 et le choix, comme le rapporte Le Parisien, devra se faire entre accessibilité des gares et le train direct Gare de l’Est–Roissy. Le CDG Express, avec un ticket aller simple au tarif de 24 € pour un coût total estimé à 2,5 milliards d’euros, sera pourtant inutile aux habitant.e.s de Seine-Saint-Denis qui verront le train passer sans s’arrêter et ne récolteront que pollutions visuelle et sonore. Il pourrait emprunter les voies de secours du RER B avec pour conséquence probable toujours plus de retard sur la ligne et les lignes connexes et leurs 2 millions d’usagères et d’usagers franciliens.
Alors que les usagères et usagers du RER B subissent déjà les retards récurrents dus notamment à la vétusté des caténaires, il est incompréhensible que l’État s’entête à privilégier à tout prix cette ligne plutôt que des transports accessibles à tou.te.s.
Ce n’est malheureusement pas nouveau : en 2017, SNCF voulait reporter de quatre ans la mise en accessibilité à Savigny-le-Temple en raison du nombre de chantiers conséquents en Île de France. SNCF avait tout simplement oublié que la Maison Départementale des Personnes Handicapées de la Seine-et-Marne était implantée sur la commune ! Et à Melun la gare reste toujours inaccessible.
Après la loi ELAN abaissant le seuil de 100 % à 20 % de logements accessibles aux rez-de-chaussée et étages desservis par un ascenseur aux personnes handicapées dans la construction neuve, cette décision porterait un nouveau mauvais coup à l’inclusion du plus grand nombre.
Ralentir, freiner, reporter l’accessibilité des personnes handicapées aux transports publics c’est participer à les mettre hors de l’espace public, pourtant supposé être celui de toutes et tous.
Rappelons que 12% des francilien.ne.s, soit 1,4 millions de personnes, ont des difficultés de mobilité. Le sujet du handicap n’est pas une variable d’ajustement que SNCF et l’État peuvent traiter à la marge.
Et il ne s’agit pas de défendre une seule catégorie de population. Des transports accessibles ne bénéficient pas qu’aux personnes en situation de handicap visible ou invisible. Les aménagements d’accessibilité rendent les transports plus pratiques et plus agréables pour toutes et tous !
Une alternative permettrait pourtant de tenir les engagements pour l’accessibilité des gares et fluidifier le trafic dans le nord de l’Île-de-France. Rappelons que SNCF, à la suite d’un incident, a déjà fait circuler des TGV pour faire la navette entre la Gare du Nord et l’aéroport de Roissy-CDG. Les écologistes réclament que cette alternative soit étudiée sérieusement.
Parce que nous considérons qu’une politique qui n’accorde pas la priorité aux personnes en situation de handicap n’est pas une politique au service de l’intérêt général, nous appelons à remettre en cause le projet de la ligne directe CDG Express pour garantir que toutes les gares franciliennes soient aux normes en 2024 comme SNCF s’y était engagée.
La consultation publique sur le CDG Express court jusqu’au 20 novembre. Faisons-nous entendre sur http://tinyurl.com/stopcdgexpress.
Signataires :
Julien Bayou, conseiller régional en Ile de France et porte-parole national EELV ;
Claude Boulanger-Reijnen, CESER Ile de France, vice-président de la Commission des transports et Mobilités.