Retrouvez ci-dessous le compte rendu de l’atelier de la commission transports et territoires lors des journées d’été 2023.
Atelier « Sortir du tout camion : comment favoriser le report modal vers le ferroviaire et le fluvial ? »
Avec :
- Ivan Stempezynski, Président du GNTC (Groupement National des Transports combinés) et Porte-parole de l’Alliance 4F (Fret Ferroviaire Français du Futur).
- Matthieu Blanc, Directeur Métier Fluvial Groupe SOGESTRAN ;
- Karima Delli, Présidente de la commission Transports au Parlement Européen ;
- Christine Arrighi, députée écologiste et co-rapporteure du rapport spécial Transports de la commission Finances ;
- Jacques Fernique, sénateur du Bas-Rhin
Accueil : Elisabeth Matak, co-responsable de la commission
Jacques Fernique pose les enjeux de décarbonation et de report modal : 1/3 des émissions de GES viennent des transports dont 1/3 du transport de marchandises.
Les orientations pour réduire les émissions du secteur sont connues :
- réduire les trajets
- report modal
- optimisation de la logistique urbaine
- verdissement de la flotte.
Pour l’instant l’échec des politiques publiques est patent. 89% du transport des marchandises se fait par camion. Le fret ferroviaire stagne et souffre de sous investissements majeurs. Toujours aucune taxe poids lourd. Le fluvial est négligé.
Karima Delli rappelle que 90% des marchandises en Europe viennent par la mer. Le Green New deal a pris en compte 2 nouveaux secteurs : aviation et maritime.
Le paquet Fit for 55 européen fixe les objectifs suivants : -55% émissions en 2030 et neutralité carbone en 2050.
L’objectif européen pour le fret ferroviaire : arriver à 30% de fret ferroviaire en 2030 alors qu’en France l’objectif est de 18% (doubler, en partant des 9 % actuels). On a perdu beaucoup de temps, en particulier sur la taxe Poids Lourds (1,3Md€ /an perdus depuis le renoncement à la taxe PL !)
Mathieu Blanc, Directeur Métier Fluvial du Groupe Sogestram décrit les déclinaisons des marchandises transportées : vrac liquide, conteneurs, vrac sec, colis lourds, distribution urbaine (avt-dernier km). Le fluvial ne s’oppose pas aux autres modes.
La France détient le plus grand réseau de voies navigables d’Europe. Il y a un gros potentiel. A Rotterdam 40% des conteneurs (1 million soit l’équivalent du trafic au Havre) partent en péniche.
Mais VNF (Voies Navigables de France) n’est pas assez doté. D’autre part, le système français, différent du reste de l’Europe, ne favorise pas le fluvial : le coût du rechargement est à la charge du commissionnaire transports.
Ivan Stempezynski décrit les avantages du fret ferroviaire : consomme 6 fois moins d’énergie que la route, 9 fois moins de GES, et évite les externalités (congestion, accidents etc .)
Actuellement malheureusement le routier est très largement dominant en France : 2 % de fluvial, 9 % de ferroviaire, et 89 % de routier dont 54 % de trafic national et 35 % d’international
Le secteur combiné est porteur. Objectifs : doublement du fret ferroviaire d’ici 2030, triplement pour le transport combiné.
Ces objectifs ne seront réalisables qu’avec un accompagnement de SNCF Réseau d’une stratégie capacitaire et un engagement fort de l’Etat.
Le fret ferroviaire a besoin de nouveaux terminaux !
« Pourquoi en sommes-nous là ? » Pour Christine Arrighi, la chute du fret ferroviaire et fluvial est issue de décennies choix politiques : jacobinisme, tout LGV (et abandon du réseau dit « classique ») et la construction des autoroutes.
Pour des marchandises sur nos rails : il faut une loi de programmation du ferroviaire qui concrétise l’engagement de 100 Milliards d’euros du gouvernement !
Pour info la loi de programmation militaire : 60Mds/an garantis 5 ans !