Plan autoroutier : quand le gouvernement fera enfin le choix de la mobilité durable ?
Partager

Après l’annonce par le gouvernement d’un nouveau Plan autoroutier, l’écart entre les annonces du gouvernement en faveur de l’environnement et les actes est abyssal !

Lors de la COP 21, la France se voulait exemplaire en matière d’émission de gaz à effet de serre (GES). Or, les émissions de GES liées aux transports connaissent une progression ininterrompue depuis 1990, ce qui en fait le premier secteur d’émission (28%) , devant l’industrie, le résidentiel-tertiaire et l’agriculture.

En France, nous sommes en train de régresser sur la question de la mobilité durable. Les annonces du gouvernement vont accentuer encore ce recul. C’est déjà le deuxième plan autoroutier de la mandature. François Hollande avait annoncé pendant sa campagne qu’il ferait de la France « la nation de l’excellence environnementale ». Pas sûr qu’il ait bien compris ce que cela impliquait. Le premier plan de relance autoroutier mis en œuvre en septembre 2015 avait déjà permis aux sociétés d’autoroutes d’allonger la durée des concessions de 2,5 ans et d’augmenter le tarif des péages. Un premier plan coûteux pour les finances publiques, et pour l’environnement. Les contrats de concession font en effet bénéficier les sociétés d’autoroute d’une rente anormale, dénoncée par la Cour des Comptes et par l’Autorité de la Concurrence. En 2013 par exemple, les 7 sociétés autoroutières avaient réalisé 1,8 milliards d’euros de bénéfices. Raccourcir la durée de ces concessions devrait donc être une priorité du gouvernement.

Dans ce contexte, il est inconcevable de soutenir la volonté du gouvernement qui non seulement investit dans le routier au lieu des transports doux, mais fait de plus peser le coût de ce nouveau plan sur les collectivités territoriales (en augmentant leur participation aux projets) et les ménages via une augmentation du tarif des péages.

Il est temps que la France se dote d’une véritable politique des transports. Aujourd’hui le gouvernement réagit au coup par coup, sous la pression des grandes entreprises et sans aucune ligne directrice. Le report modal, qui avait été l’une des priorités du Grenelle de l’Environnement, a été complètement oublié. La part du routier dans le transport de marchandises culmine toujours à près de 87%, contre 3% pour le fluvial et environ 10% pour le ferroviaire . On peut constater l’écart flagrant avec les objectifs fixés par la loi suite au Grenelle de l’Environnement : 25% à l’échéance 2022 pour le transport de marchandises non-routier et non-aérien.

Une politique des transports digne de ce nom, sur le plan financier comme environnemental, devrait reposer sur un prélèvement financier sur les bénéfices astronomiques des sociétés d’autoroutes, et l’affecter à l’AFITF – l’Agence pour le Financement des Infrastructures de Transports- pour financer les projets de transports collectifs des régions. Moins de voitures sur la route, plus de personnes dans les trains, les trams, et les métros, c’est un objectif que le gouvernement a oublié. Au lieu de cela, ce deuxième plan autoroutier est un nouveau cadeau aux sociétés d’autoroutes.

Depuis le début de la mandature, le gouvernement favorise la route, on l’a vu avec l’abandon de la taxe poids lourds, qui était pourtant susceptible de rapporter plus de 920 millions d’euros aux finances publiques, dont 760 millions à l’AFITF. Depuis, les mesures sont insuffisantes pour combler ce manque à gagner pour l’Agence de financement des infrastructures de transport de France, et pour porter son budget à 2,5 milliards d’euros, c’est-à-dire la somme nécessaire d’ici à 2019 pour financer les projets sélectionnés par la commission Mobilité 21.

La mobilité durable a été la grande oubliée de la loi sur la transition énergétique, et on en voit encore une fois les effets.

Eva SAS, députée EELV